Dans le cadre du Rendez-vous des bibliothèques publiques du Québec organisé par l’Association des bibliothèques publiques du Québec les 30 et 31 mai à la Salle Pierre‑Mercure du Centre Pierre-Péladeau, inLibro vous suggère de mettre à votre agenda la table ronde du vendredi 31 mai à 13 h 45 sur les espaces de création qu’il a le plaisir et l’honneur de présenter. Ismaël Bellil sera l’un des cinq participants à cette discussion. inLibro l’a interrogé sur les changements induits par l’apparition des espaces de création dans les bibliothèques.

Fort de quelque deux ans à la coordination du Créalab de Repentigny inauguré en avril 2017, Ismaël Bellil porte quelquefois un regard amusé sur ses premières conceptions et exigences du fonctionnement d’un tel espace de création. Ainsi du nombre de personnes mobilisées pour informer et soutenir les usagers : il en faut beaucoup plus « per capita » que pour offrir les services traditionnels d’une bibliothèque. Cette exigence accrue dépend non seulement des équipements utilisés et des contraintes reliées à leur maîtrise, mais aussi à la capacité d’animer et de communiquer.

On le comprend aisément quand on jette un coup d’œil aux outils du Créalab : imprimante 3D, table à dessin numérique, caméra professionnelle, salle de formation avec des équipements Apple de pointe, locaux insonorisés pour effectuer du travail en équipe, studios de captation et de postproduction, espace fablab de création numérique, etc. Il y a là, ainsi qu’on peut le lire sur le site du Créalab, « Tout pour repousser les limites de l’imagination et surtout donner vie aux nouvelles idées! »

Par contre, pour que ces nouvelles idées prennent corps et se traduisent en créations, l’expérience des dernières années montre, même si le laboratoire est d’abord destiné aux adolescents, qu’il faut plus de personnel que prévu a priori. Bref, le mythe selon lequel les jeunes adolescents ont des « capacités innées » pour maîtriser aisément les outils technologiques ne résiste pas à l’expérience…

Il faut donc un solide encadrement pour que l’expérience des utilisateurs soit satisfaisante. Ce constat « auquel, note Ismaël Bellil, en arrivent toutes les équipes qui travaillent en espaces de création techno », induit quelques questions…

En voici quelques-unes : Quel est le nombre suffisant d’employés pour correctement superviser les participants? Quelle doit être leur formation? Leur niveau de connaissance et de maîtrise des outils? Comment intégrer le « personnel traditionnel » des bibliothèques? Comment s’assurer, dans le cas où le public cible est composé d’adolescents (comme c’est le cas à Repentigny) que les animateurs sont réellement capables de communiquer facilement avec ces jeunes? Selon Ismaël, cette habileté n’est pas une condition souhaitable, mais absolument nécessaire au succès d’un espace de création ou, selon une expression qu’il utilise fréquemment, un maker space.

Selon lui, une autre particularité réside dans les liens qu’une bibliothèque peut et doit créer avec des partenaires non traditionnels comme la police communautaire, les écoles, les intervenants jeunesse, les groupes d’immigrants, etc. C’est en quelque sorte un juste retour des choses, car ces lieux de création sont généralement le fruit d’un travail collectif (bibliothèques, commissions scolaires, enseignants, conseillers pédagogiques, services des TI, etc.)

En d’autres mots, Ismaël croit que les espaces de création doivent être l’occasion pour les bibliothèques de devenir elles-mêmes plus créatrices!